Champions League - Deux 0-0 : l'un de frigidité, l'autre de frissons
Un 0-0 peut avoir la forme d'une double bouche qui émet un baillement, tout comme il peut évoquer deux pupilles dilatées d'un regard de désir. Les deux matches de Champions League de la soirée de mardi soir nous l'ont rappelé. Manchester City contre le Dynamo de Kiev a été un voyage au bout de l'ennui, une parodie de spectacle, un brouet insipide et usurpé comme une caricature de nouvelle cuisine où une feuille de laitue déposée sur un plat d'argent est pompeusement baptisée de "Verte ondulation printannière". Atletico contre le PSV a été un duel d'athlètes, de muscles et de sueur tout autant qu'un affrontement cérébral de deux coaches qui avaient bien préparé leur ouvrage. Le premier match s'évanouit déjà dans l'oubli, quand le second reste inscrit à l'encre indélébile sur nos rétines comme une ode à l'autre versant du foot : celui qui fait honneur aux défenseurs. Dix matches comme celui entre l'équipe madrilène et l'équipe de Eindhoven et le prochain Ballon d'Or serait enfin un défenseur. Le duel du Calderon a été en effet une ode aux backs, aux stoppeurs, aux libéros et aux médians ratisseurs qui ont 120 minutes durant écoeuré des attaquants pourtant affutés comme l'exercice des tirs au but l'a prouvé au bout du suspense. D'un côté, Simeone qui n'a rien sacrifié à sa philosophie, un cocktail de niaque et de patience. De l'autre, Cocu qui a décortiqué, analysé, dévoré des dizaines de dvd des derniers matches des Colchoneros avant de les digérer et d'en proposer une version sous-titrée en néerlandais. Du grand art rendu par ailleurs plus magnifique encore par l'arbitrage impeccable de Monsieur Clattenburg et de son équipe qui ont sifflé sans la moindre fausse note. (Dupk/Picture : Belga)