Poutine change de ton: "Prigojine a perdu la boule"
La télévision publique russe, dont on sait à quelle point elle est le porte-voix du Kremlin change de ton et de narratif à l'encontre du chef de la milice privée Wagner. Un tournant?
Evgueni Prigojine, le fondateur du groupe paramilitaire Wagner, a-t-il "perdu la boule", comme l'affirme sur les antennes de la télévision publique russe Dmitri Kisselev, l’un des chiens de garde médiatique - du Kremlin ?
Le discours concernant celui qui a osé narguer Vladimir Poutine il y a deux semaines est en train de changer et cela n'augure peut-être rien de bon pour Prigojine. Avide d'argent, mégalo, hors de contrôle, le portait qui est fait de l'ex-grand ami de Poutine n'a plus rien d'avenant.
La semaine dernière, le Kremlin avait reconnu publiquement que le Kremlin finançait entièrement la milice Wagner mais que que des enquêtes devraient dire si cet argent n’avait pas été volé ou détourné.
Depuis, plus les jours passent, plus Prigojine est dépeint comme une personne avide d’argent et de pouvoir qui aurait perdu la tête après les victoires engrangées sur le terrain par ses milices.
Déjà devenu un "traître" dans les conversations privées, le discours public sur le cas Prigojine s'infléchit progressivement. Dimanche 3 juillet, Dmitri Kisselev, le présentateur de l'émission "Nouvelles de la semaine", un des programmes préférés de Poutine, s’est chargé de présenter Evguéni Prigojine sous un nouveau jour: "Prigojine a perdu la boule à cause de fortes sommes d’argent" selon le journaliste, qui ajoute que "le sentiment de se croire tout permis était apparu il y a longtemps, dès les opérations de cette milice en Syrie et en Afrique" et se serait encore renforcé suite aux prises des localités de Soledar et Bakhmout, d’après lui. Et Kisselev de rappeler que Wagner aurait reçu près de 9 milliards d’euros d’argent public, une somme qui n’est pas vérifiable.
Des déclarations qui visent manifestement à priver Prigojine des soutiens dont il pourrait encore bénéficier au sein de l'élite et de la population russe.
Prigojine, aujourd’hui exilé en Biélorussie, est-il devenu une cible? Ses jours sont-ils comptés? Nous le saurons bientôt...
(LpR - Source : RFi/Picture : Dmitry Bukhantsov via Unsplash)