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Né un 14 novembre : Stuart Staples, délicat orfèvre des Tindersticks

Depuis 1993, le natif de Nottingham qui fête son 59ème anniversaire remet sans cesse son talent sur le métier. Avec l’excellence en point de mire…

 

  Son timbre vocal si particulier, son sens de l’écriture et sa volonté d'expérimentation permanente cisèlent l'univers musical précieux et unique de Tindersticks, un groupe certes mais totalement dévoué aux arpèges que Stuart Staples façonne, brode et tresse avec la patience d’une araignée tissant sa toile. A la fois instantanément reconnaissable et intrinsèquement originale, chacune de ses créations suscite le même indicible frisson. La musique des Tindersticks, c’est à la fois du grand art mais aussi d’évidentes mélopées qui invitent à une forme de méditation. 

  Si l’oeuvre de Stuarts Staples atteint aujourd’hui un degré de sophistication indiscutable, avec toujours un recours aux cordes, l’artiste a parfois revendiqué des plaisirs simples comme le suggérait le titre d’un album sorti en 1999, "Simple Pleasure". C'était relatif, bien sûr. Car avec les Tindersticks, l'attention de l'auditeur voire même un certain effort sont toujours requis. Bien sûr, les détracteurs du groupe anglais lui reprocheront justement cet apparent manque de renouvellement mélodique mais c’est évidemment un faux procès.


   Stuart est aussi fidèle en amitié. En s’adonnant très naturellement à l’écriture de musiques de films, il répond six fois présent à la réalisatrice française Claire Denis qui possède quelques ours berlinois et palmes cannoises à son tableau de chasse. En 2014, pour célébrer le centenaire du déclenchement de la Grande Guerre, le compositeur aux chansons, souvent entre complainte et récitatif, a été judicieusement choisi pour l'habillage sonore de l’exposition "In Flanders Fields" à Ypres en Belgique.

   Un rien plus enjoué, sans doute grâce à l’apport de cuivres notamment sur le magnifique "New World", le dernier album "Soft Tissue" (2024) distille toujours les mêmes ambiances mélancoliques chères à Stuart. Avec cette fois encore quelques relents gospel. Au final, la seule erreur à ne pas commettre avec les Tindersticks serait d’entreprendre l’écoute de leur discographie complète sans pause aucune. Dans ce cas de figure, une forme de neurasthénie (certes potentiellement cathartique) n’est pas à exclure. L'abus nuit en tout...

(AK - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Stuart Staples avec The Tindersticks sur la scène de Bozar à Bruxelles (Belgique) le 2 mai 2022

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