La Géorgie à quelques heures d’un tournant de son histoire
Les manifestations pro-européennes ne cessent plus en Géorgie. Cela fait 14 jours d’affilée que la colère populaire s’exprime devant le parlement à Tbilissi. Mais ce n’est pas qu’un phénomène dans la capitale.
Ce 14 décembre 2024, il y aura des élections en Géorgie. Il s’agit de voter pour un nouveau président après les législatives controversées du 26 octobre remportées par le « Rêve géorgien », parti dirigé en sous-main par le milliardaire Bidzina Ivanichvili considéré comme une « marionnette de Poutine ». La tension est palpable entre une grande partie des citoyens et ce nouveau pouvoir. Criant à la fraude et à la trahison, des milliers de Géorgiens sortent régulièrement dans les rues pour exprimer leur attachement au projet d’adhésion à l’Union européenne. Ce mercredi 11 décembre, c’était même la 14e journée consécutive de manifestations dans la capitale. Une quarantaine de villes de ce petit pays de 3,76 millions d’habitants coincé entre la Russie, la Turquie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont également connu des troubles et des protestations ces dernières semaines.
Vote sans le peuple
Le mouvement populaire ne s’éteint pas, à grand renfort de drapeaux géorgiens et européens. Il peut compter sur le soutien de la présidente actuelle, Salomé Nino Zourabichvili, fermement opposée au parti Rêve géorgien au pouvoir. Elle a d’ailleurs l’intention de ne pas quitter son poste à la fin de son mandat, le 29 décembre, face à un régime qu'elle juge anticonstitutionnel. En attendant, il y aura bien un scrutin, samedi, au suffrage indirect. Le futur président sera élu par un collège électoral de 300 membres reprenant 150 députés et des représentants locaux et régionaux, après un changement constitutionnel adopté par le Rêve géorgien en 2017. Dès lors, le parti « pro-russe » au pouvoir devrait choisir son poulain et probablement s’éloigner de l’ambition de se rapprocher des valeurs de l’UE pour s’aliéner à Moscou.
Répression
Cette perspective inquiète les Géorgiens désireux de se démarquer de la sphère moscovite et tourner la page d’un passé soviétique. Ils rejettent notamment la décision de reporter à 2028 le processus d’adhésion à l’UE. Les milliers de manifestants à Tbilissi et ailleurs dans le pays ne désarment pas. Pourtant, face à eux, la répression policière est parfois musclée. Les dispersions se font avec des canons à eau, des gaz lacrymogènes et parfois des balles en caoutchouc. 400 arrestations ont déjà été recensées, parfois avec de cas de violences policières contre des manifestants et des journalistes ont selon des ONG et l'opposition. Cette répression a été dénoncée par les États-Unis et les Européens. L’Occident a déjà menacé de prendre des mesures.
(Olivier Duquesne – Source : RTBF & Belga – Picture : © picture alliance / Anadolu | Davit Kachkachishvili)