"Songs Of A Lost World", le premier album de The Cure depuis 16 ans sort aujourd’hui
En ce vendredi 1 novembre, le groupe anglais propose enfin de nouvelles compositions à ses fans. Elles s’avèrent sombres, mélacoliques et dépassent souvent les six minutes
Le moins qu'on puisse dire, c’est que Robert Smith n’a plus rien à prouver à qui que ce soit. On ne peut affirmer pour autant qu’il se fasse plaisir avec ce successeur magnifiquement sombre (morbide parfois) de "4:13 Dream", dernier témoignage studio de The Cure estampillé 28 octobre 2008. Il faut d’ailleurs ajouter que celui-ci devait initialement voir le jour sous la forme d’un double album puisqu’une trentaine de chansons avaient été enregistrées. Pour d'insondables querelles de droits avec le label Geffen Records, un peu radin sur ce coup-là, le groupe en a seulement proposé treize. A l’heure actuelle, on ignore ce que les autres ont bien pu devenir. Selon les aficionados du groupe consultés, aucune ne figure sur cet album qu’on espérait sans plus l’attendre vraiment.
Indubitablement, les huit titres de "Songs Of A Lost World" s’inscrivent plus dans la lignée de "Pornography" (1982) et de "Désintégration" (1989) que des hymnes plutôt guillerets comme "The Lovecats" (1983), "Let’s Go To Bed" (1986), "Friday I’m In Love" (1992) voire même" A Forest" (1980). Indéniable apogée créatrice de Robert Smith, fuyant les facilités mélodiques, on ne peut s’empêcher d’écouter aussi ces huit chansons comme un testament artistique. On ne peut pas encore à proprement parler d’une épitaphe mais l’épais brouillard de la mélancolie voire même explicitemet l'ombre de la Grande Faucheuse rôdent au détour de chaque chanson ou presque. "I Can Never Say Goodbye" est ainsi une ôde déchirante à la disparition de son frère Richard. En conclusion, les dix minutes de "Endsong", avec les interventions guitaristiques caractéristiques de Reeves Gabrels, pourront être interprétées a minima comme la clôture d’un chapitre pr les plus optimistes ou le point final d’une histoire de près d’un demi-siècle par les plus pessimistes. Quelques jours avant la sortie de "Songs Of A Lost World", Robert Smith déclarait à la BBC : "La mort est malheureusement plus présente chaque jour autour de moi. Quand on est plus jeune, on a tendance à la trouver romantique. Puis elle commence à toucher votre famille et vos amis proches. C’est alors une toute autre histoire" se confie-t-il. Pour donner de l’espoir aux indécrottables optimistes, le chanteur a récemment affirmé qu’un deuxième disque était "virtuellement terminé" et qu’un troisième souffrait d'une gestation un peu plus ifficile. Tant qu’il lui restera un bâton de rouge à lèvres en poche et une bombe de laque pour sa tignasse en bataille, Robert Smith aujourd’hui âgé de 65 ans n’a donc aucune intention de prendre sa retraite
Pour célébrer ce quatorzième opus tant attendu, The Cure se produira ce vendredi 1 novembre au Troxy à Londres devant quelques centaines de fans sélectionnés par tirage au sort. Le concert sera également retransmis par live stream et demain samedi en télévision sur les antennes de BBC2.
Album : The Cure - Songs Of A Lost World - Polydor/Universal - 2024
(AK - Photo : Christophe Dehousse/Music Belgium Photos)
Photo : Robert Smith avec The Cure au stade Liévin à Lille (France) en novembre 2022 (© Christophe Dehousse/Music Belgium Photos)