4e nuit explosive entre les pro-russes et les pro-UE en Géorgie
Des milliers de Géorgiens sont dans la rue, dans plusieurs villes du pays. Ils scandent des slogans contre le gouvernement pro-russe. Les protestataires demandent l’adhésion de leur pays à l’Union européenne.
Ce dimanche 1er décembre, comme depuis le jeudi 28 novembre 2024, les manifestants pro-européens ne se découragent pas en Géorgie, à la nuit tombée. À la suite d’élections le 26 octobre, entachées de soupçons de fraude massive, le parti Rêve géorgien, pro-russe, a gardé le pouvoir avec son Premier ministre de Irakli Kobakhidze. En réponse à ce gouvernement, des milliers de manifestants sont présents tous les soirs depuis 4 jours devant le Parlement à Tbilissi. Ils agitent des drapeaux européens et géorgiens, parfois ukrainiens, et criant : « Géorgie ! ». Ce mouvement de grogne a aussi été constaté dans la plupart des villes du pays, avec une foule aussi déterminée.
Bien sûr que non
Paradoxe, la présidente du pays, Salomé Zourabichvili, est pro-européenne. Elle est un peu une figure de proue de l’opposition. Elle a ainsi promis de ne pas quitter son poste, même s’il est surtout honorifique. Elle a d’ailleurs déclaré que le Parlement actuel n’avait « aucune légitimité » pour désigner un nouveau président le 14 décembre prochain. Du côté du Rêve géorgien au pouvoir, à la question posée par la presse sur l’hypothèse d’organiser de nouvelles élections pour aplanir les tensions, le Premier ministre Irakli Kobakhidze a répondu « Bien sûr que non ». Ce pays du Caucase frontalier de la Russie est donc vraiment proche de l’implosion, tiraillé entre le camp des pro-européens et celui des pro-russes.
Répression policière
Au-delà de la colère populaire, des pétards, des projectiles et des barricades, les manifestations ont été marquées par la réponse des forces policières : tirs de gaz lacrymogènes et, parfois, de balles en caoutchouc. Il y a également eu des manœuvres de dispersion par canons à eau. Il est aussi fait état d’arrestations musclées et violentes. Ces affrontements ont notamment blessé une vingtaine de policiers touchés par des feux d’artifice ou des projectiles divers. Au moins 220 personnes ont été arrêtées dans la nuit de dimanche à lundi.
Fronde de fonctionnaires
En plus des cris et des manifestations dans les rues, de nombreux diplomates, juges et fonctionnaires géorgiens se désolidarisent du gouvernement, surtout sur sa décision de repousser à 2028 les discussions d’adhésion à l’Union européenne. Ils ont publié une déclaration commune. Enfin, au moins une centaine d’écoles et d’universités sont restées fermées depuis le début des manifestations et émeutes.
(Olivier Duquesne – Source : Le Monde avec AFP – Picture : © picture alliance / Anadolu | Davit Kachkachishvili)